Pouvez-vous revenir sur votre parcours ?
Laetitia Magré : J’ai grandi dans une famille de scientifiques avec un père pharmacien et une mère médecin biologiste, spécialisée dans la recherche en immunologie. Je m’apprêtais à poursuivre dans cette voie, ayant obtenu un diplôme de chirurgien-dentiste, jusqu’à ce que je décide de suivre mon mari, Olivier, à l’étranger. Je l’ai rejoint en Espagne où il était chargé d’accompagner les ouvertures de magasins E.Leclerc. Cette période a été très formatrice et riche en apprentissages. Nous avons eu l’opportunité de travailler ensemble et de diriger différents magasins aux quatre coins de l’Espagne, à Léon, Soria, Ciuda Real puis Pampelune. L’idée de travailler à deux me motivait particulièrement, et c’est à ce moment-là qu’un changement de carrière a germé dans ma tête.
Vous avez ensuite repris un centre E.Leclerc près d’Annemasse. Comment cette transition s’est-elle déroulée ?
L.M. : De retour en France, à la fin des années 1990, nous avons travaillé dans le centre E.Leclerc d’Echirolles, près de Grenoble. Nous avions déjà imaginé, quand nous étions en Espagne, entreprendre pour devenir E.Leclerc. Cette occasion s’est alors présentée en Haute-Savoie, près d’Annemasse. Nous avons postulé pour reprendre une affaire à Ville-la-Grand et avons été parrainés, notamment, par les magasins de Grenoble et de Nantes, pour pouvoir y parvenir.
En quoi consiste ce système de parrainage ?
L.M. : Pour devenir adhérent E.Leclerc, il faut avoir déjà travaillé au sein du Mouvement pendant plusieurs années et avoir occupé une fonction de direction au sein d’un . Votre parcours doit être, en quelque sorte, validé par d’autres adhérents qui constitueront votre « comité de parrainage ». Ce comité vous accompagnera dans votre parcours, en vous conseillant et en veillant au bon fonctionnement de votre magasin. Ce système de parrainage, au cœur du Mouvement E.Leclerc, est basé sur l’échange entre pairs. C’est une aventure humaine formidable : c’est en partageant son expérience que l’on affine son projet, sa vision et que l’on fait progresser le collectif.
En tant qu’adhérente E.Leclerc, nous prenons part aux orientations et aux opérations de l’enseigne
Pouvez-vous nous présenter votre magasin, que vous avez totalement repensé et agrandi ?
L.M. : Lors de sa reprise, le magasin employait 60 salariés sur une superficie de 2700 m2. Il en compte aujourd’hui 370 salariés sur une superficie de 5900 m2. Cet agrandissement du magasin s’est déroulé en plusieurs étapes jusqu’à sa refonte complète en 2016 ; année où le magasin initial a été rasé pour être reconstruit totalement à neuf. Situé entre une voie ferrée et la frontière suisse, nous avons décidé de le repenser tant dans l’offre de produits proposés que dans l’expérience client vécue. Et nous avons décidé de profiter de la vue imprenable sur les massifs du Mont-Blanc en l’équipant de baies vitrées de 6 mètres de haut.
Comment avez-vous procédé ?
L.M. : Nous avons travaillé sur la largeur de l’assortiment et avons fait le pari du mieux-manger. Il nous semblait indispensable de faire appel à d’excellents professionnels pour nos laboratoires, de valoriser le savoir-faire de nos artisans et la présentation des produits. Vous trouverez notamment un Meilleur Ouvrier de France au rayon pâtisserie, un superbe espace poissonnerie pour fumer les poissons, une gamme très variée au rayon boucherie ou encore une large sélection de chocolats et de cafés et une machine à torréfier. Sans oublier notre cave, gérée par un autodidacte passionné, récompensée un an après son ouverture par La Revue du vin de France.
Votre centre E.Leclerc est également doté d’un espace bien-être…
L.M. : Notre magasin est situé à quelques mètres de la frontière suisse. Les gens passent beaucoup de temps dans le trafic, sont très stressés et accordent une importance au bien-être. C’est la raison pour laquelle nous avons créé un centre de bien être au sein de notre magasin. Outre l’institut-parfumerie Une heure pour soi, les clients peuvent aussi profiter d’un spa de 400 m2 comprenant notamment un hammam, des pédispas et une offre de massages avec une garantie de prix E.Leclerc. Cela répond à une réelle demande mais aussi à notre volonté d’améliorer l’expérience client en magasin. Nous avons eu la chance de beaucoup voyager et ces expériences nous ont grandement inspirés dans la manière de concevoir notre magasin.
Comment vous impliquez-vous dans la vie de la ?
L.M. : Je me suis investie au sein de différentes , d’abord autour du textile, puis de l’alimentaire et aujourd’hui du développement durable. A ce titre, j’ai pu participer à l’élaboration des collections enfants, puis au développement de la marque Bio Village ou encore à la réflexion menée autour des conserves Notre Jardin de Marque Repère pour proposer des produits préparés avec des légumes cultivés et récoltés en France. Je suis aujourd’hui co-présidente du conseil d’administration et présidente de la commission « développement durable, qualité, gestion de crise et mécénat » du Mouvement, aux côtés d’ingénieurs et d’adhérents du Mouvement. En tant qu’adhérente E.Leclerc, nous prenons part aux orientations et aux opérations de l’enseigne. Ces échanges et ces partages d’expériences sont particulièrement stimulants et enrichissants.
Quel est votre rôle au sein de cette commission développement durable ?
L.M. : Depuis sa création, le Mouvement E.Leclerc mène de nombreuses actions en faveur du développement durable. Cette commission vise à initier des démarches et des projets sur tous les aspects que recouvre la RSE afin d’améliorer le modèle de consommation que nous défendons. Nous travaillons actuellement sur trois axes principaux : la nutrition et la santé avec notamment la promotion du Nutri-Score, l'agriculture, l'élevage et la pêche responsables avec un chantier en cours sur le bien-être animal, la réduction de l'empreinte environnementale dont la lutte contre le plastique
Selon vous, quels sont les atouts du modèle ?
L.M. : Notre modèle présente de nombreux atouts. En tant que chef d’entreprise indépendant, propriétaire de nos magasins, nous conservons une large autonomie d’action. Mais ce que nous réalisons est le fruit de la mise en commun : nous travaillons et nous progressons ensemble, nous nous enrichissons des expériences, du regard, et des idées de chacun. Nous n’aurions pas pu arriver là où nous en sommes si nous avions été seuls.
Si vous deviez donner des conseils à de futurs entrepreneurs, que leur diriez-vous ?
L.M. : Ce n’est pas évident de donner des conseils et la période que nous traversons est très particulière ! Je dirai qu’il faut être passionné, avoir l’audace de se lancer et s’entourer dans cette aventure pour ne pas se sentir isolé. Il ne faut pas perdre de vue qu’être suppose beaucoup de responsabilités et d’engagements.
E.Leclerc en chiffres :
- 133 000 collaborateurs
- 721 magasins en France
- 536 adhérents en France
- 38,85 milliards d'euros de CA hors carburant en France, fin 2019